Spec Ops: The Line

Spec Ops: The Line

42 ratings
Review de Spec Ops The Line
By Dʳ Baz
Quel est le propos de Spec Ops The Line ? Pourquoi ce jeu n'est-il pas un simple shooter des plus classiques ?

Ce guide devait être à la base une évaluation, mais VALVe en a limité le nombre de caractères. Rédigé par mes soins, il montre quels sont les point forts et les points faibles du jeu. Si votre avis diverge du mien, éviter de me menacer de mort, j'suis un mec à la cool, moi. Contentez-vous de m'en faire part dans les commentaires. Ou pas, c'est comme vous voulez.

Lien de mon éval: http://cs2bus.com/id/ZtBProcrastination/recommended/50300/
2
   
Award
Favorite
Favorited
Unfavorite
Introduction
Un grand guerrier ? Personne par la guerre ne devient grand.

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=592916858

À l'instar de This War of Mine, le propos originel de ce jeu est bien résumé par cette citation des plus classiques. Spec Ops The Line, rien que par son titre, veut se démarquer: allez-vous franchir la ligne ? Atteindre le point de non-retour ? Le studio de développement du jeu, Yager Development a tenté, par le biais de cette oeuvre vidéoludique, de casser les codes des jeux de shooting à la Battlefield ou Call of Duty et faisant ressentir au joueur que la guerre, la vraie, n'a rien à voir avec les films et les jeux vidéos mainstream. Spec Ops The Line, qui se veut une relecture moderne de Heart of Darkness de Joseph Conrad (oui, c'est également le roman dont s'est inspiré F.F. Coppola pour Apocalypse Now), s'efforce de montrer que, dans la vraie vie, les héros de guerre n'existent pas. Il n'y a que des hommes, des êtres vivants et pensants, plus ou moins convaincus par leur idéaux. Partant de ce principe, allez-vous faire preuve de violence crue ou de retenue ?

"The truth, Walker, is that you're here because you wanted to feel like something you're not; a hero." - Colonel John Konrad

Trailer de lancement du jeu :


Prenant en compte ce postulat, j'ai mis certains espoirs dans ce jeu, comme le traitement réservé aux PNJ. Dans beaucoup de jeux, comme Assassin's Creed, par exemple, ils restent déshumanisés. Jouez à Syndicate, et écoutez-les un peu en mode stealth. Vous vous rendrez vite compte qu'ils se contentent de ricaner sans rien dire d'intéressant. À partir de là, quelle importance qu'ils vivent ou non ? Ce ne sont que de grossières imitations d'humains sans âme. Certes cela sert le gameplay, basé sur leur élimination, mais le jeu, malgré tout divertissant, peine globalement à transmettre le moindre message au joueur.

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=537282195

Parlons maintenant un peu de l'intrigue du jeu. Le joueur incarne le Capitaine de l'US army Martin Walker. Accompagné du Sergent John Lugo et du Lieutenant Alphonse Adams, ces trois membres de la Delta Force ont pour mission de comprendre ce qu'il se passe dans un Dubaï post-Apocalyptique et de retrouver le colonel John Konrad, responsable de l'évacuation de la ville. À peine arrivés sur place, ils se rendent compte que la ville, contrôlée par des damnés du 33ème, le bataillon du colonel Konrad, est en proie à de violents affrontements entre différentes factions difficilement identifiables. Qui est digne de confiance ? Qui a fait quoi ? Qui commettra quoi ? Telles sont les interrogations du joueurs dès les premières minutes de jeu.
Malgré tout, on se rend assez vite compte que le pitch principal du jeu, certes bourré de clichés qui auront leur importance plus tard, semble promis à un traitement intéressant.

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=591708974
Qualités
Spec Ops The Line tient-il donc ses promesses ?

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=604329935

Selon l'immarcescible structure thèse, antithèse, foutaises, commeçons par les arguments en faveur du jeu.

L'ambiance, de l'arrivée de Martin Walker à Dubaï jusqu'au retournement de situation final, est incroyablement prenante. Rien que le menu principal du jeu, évoluant au cours de la progression du joueur dans le scénario, plante le décor. On peut y voir un tireur ambusqué, installé près d'un drapeau des États-Unis renversé (signe universel de détresse) et entendre la version de Jimi Hendrix de l'hymne de ce même pays. Par la suite, et tout au long du jeu, Dubaï est représentée comme une ville fantôme des plus angoissantes, malgré ses apparences de mégapole futuriste. Le "héros" principal, Walker, surplombe la ville au début des évènements. Mais cela ne durera pas. Notre brave petit soldat de l'US Army va progressivement s'enfoncer dans les entrailles de celle-ci, parabole de son propre délabrement mental et physique et de sa desente aux enfers. Régulièrement, Walker observera attéré des charniers de victimes, militaires ou civils, au pied de publicités paradisiaques ou de tags dignes de Banksy[fr.wikipedia.org].

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=586406089

Un autre aspect souvent bien traîté, est la possibilité de faire des choix. Dès le début du jeu, le joueur apprendra (à ses dépends) que tirer le premier est la forme de communication qui garantit la meilleure espérance de vie. C'est une forme de conditionnement efficace auquel je me suis efforcé d'échapper dès que je le pouvais. Malgré tout, chez la plupart des joueurs, cela aura un effet définitif (oui, je pense à toi, Jean_Kevin_2002). Dans cette optique, la scène la plus mémorable reste celle des pendus, révélatrice de la déterioration psychique de Walker. (SPOILER ALERT) Ce dernier est ammené à faire un choix entre sauver un voleur ou un meurtrier. Il est pendant ce temps menacé par des snipers. Le joueur de base prendra certainement la décision de sauver l'un des deux et de continuer le jeu. Il existe cependant d'autres possibilités. Comme tenter de sauver les deux en tuant les francs tireurs, ne rien faire ou bien même exécuter soi-même les deux pauvres bougres. Le joueur sera d'autant plus bouleversé qu'il apprendra à la fin du jeu que les deux pendus étaient déjà morts et que Walker avait imaginé toute la scène pour échapper à sa culpabilité. À un autre moment, Walker est amené à choisir s'il doit tirer dans une foule pour potentiellement sauver sa vie. Dans le feu de l'action, on tirera pour se venger, pour se défouler ou pour je ne sais quelle autre raison fallacieuse. Cependant, un tir de sommation suffit à disperser les civils. Le joueur s'en rendra-t-il compte ? En plus de cela, la scène du phosphore blanc (interdit d'utilisation selon les conventions internationales) est à la fois l'accomplissement de la démarche du jeu mais aussi une de ses faiblesses (j'en reparlerai plus tard).

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=586405980

L'ambiance sonore du jeu a également son importance. En plus des détonations et autres coups de feu, un DJ plus ou moins dérangé va régulièrement parler directement aux personnages, commenter leurs actions et enrichir l'OST de musiques telles que Bad Vibrations des Black Angels, RU STILL IN 2 IT de Mogwai ou bien encore DIES IRAE composé par Guiseppe Verdi. Il s'avère que c'est une démarche d'autant plus cynique que les protagonistes entendent eux-mêmes ces symphonies. L'utilisation de ce personnage permet également d'humaniser un tant soit peu les PNJ, en plus de quelques dialogues que l'on peut entendre si on ne se fait pas remarquer.

La dernière qualité du jeu est son scénario réellement bouelversant. Je ne suis pas du genre à pleurer devant un film, mais le twist final du jeu m'a fait quelque chose. Lorsque Walker rencontre finalement Konrad, ce dernier lui montre un tableau des plus crus représentant l'horrible réalité de la guerre. Quand Walker lui demandera si c'est lui qui a fait ça, Konard lui répond simplement: "Non. C'est vous." On comprend alors l'importance des clichés sus-mentionné. Les protagonistes, des soldats américains, glorifiés par les films et les jeux vidéos, sont ici simplement réduits à leur désespérante condition humaine.

"Reports are pouring into the studio that everyone's favorite D-bags are down at the mall. Rumor has it, they're trying to "rescue" even more people. You gotta love these guys. They're just gonna keep on trying, even if it kills every last one of ya. Be sure to stop by and tell 'em thanks..." - Robert Darden

Les personnages principaux ont donc une réelle profondeur, les développeurs du jeu ont joué avec les codes du média vidéoludique (action, image, son) pour raconter une histoire de guerre crue et réaliste.
Là où le bât blesse
Spec Ops The Line est-il LE jeu que nous attendions tous, Ô saint Gaben ?

Passons maintentant aux quelques points qui fâchent. Il n'y en a pas beaucoup, mais cela suffit pour handicaper l'immersion totale dans cette oeuvre déconcertante.

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=602651819

Comme dit précédemment, Spec Ops The Line s'efforce de démonter par son scénario le schéma bien établi par les FPS modernes. Son gameplay, semble cependant le desservir. Les exécutions au sol, d'une violence malsaine ne suffit pas à changer les choses, le jeu est paradoxalement trop "soft". Les ennemis, parfois humanisés, restent malheuresement, principalement par le manque de skins différents, de simples PNJ. On démonte du ricain et des rebelles sans relâche, sans jamais vraiment se rendre compte qu'ils sont sensés être des êtres vivants sensibles et pensants. La seule scène où l'on a un tant soit peu cette impression est celle où le DJ, Robert Darden, raconte la vie des soldats que Walker est en train de faucher au fusil d'assaut. Il est amusant de noter que notre cher DJ se permet une mise en abyme en critiquant la violence dans les jeux vidéos lors de cette scène.

Pour que la démarche du jeu atteigne réellement son but, il aurait fallu que chaque meutre soit une torture pour le personnage lui-même. Metro Last Light propose une solution. Il est possible de terminer l'aventure dans le Metro moscovite presque sans tuer personne. La même démarche dans Spec Ops aurait été appréciable, même s'il aurait alors peut-être fallu accentuer le jeu sur le stealth plutôt que sur l'action. Le twist final aurait été d'autant plus percutant si le joueur s'était finalement aperçu qu'il n'était pas obligé de réduire le 33ème à néant.

http://cs2bus.com/sharedfiles/filedetails/?id=611265374

La scène du phosphore blanc précedemment mentionnée est un exemple de maladroitesse. Elle possède des qualités, comme le fait que l'on puisse discerner le reflet de Walker sur l'écran lorsqu'il bombarde à tout va. En effet, cela montre qu'il est responsable de la mort qu'il sème et que le mortier est bien commandé par un être humain. Cependant, ce massacre n'est pas évitable, ce qui aurait été une qualité. Si le scénario et les événements à eux seuls avaient suffit à faire basculer le joueur, alors le jeu aurait été un succès complet. Malheuresement, ce n'est pas le cas.

La présence d'un multijoueur calqué sur Call of Duty ou Battlefield est également une abérration. C'est une idée totalement en décalage par rapport aux propos du jeu. Qui a pensé que ce serait une bonne idée ? C'est juste un argument de vente ou quoi ?
Verdict
Conclusion: Que dire de Spec Ops The Line ?

Finalement, je dirais que ce jeu est maglré tout une valeur sûre. Par sa démarche originale, il tente de se démarquer des autres shooters, ce qui est une qualité rare. Avec la militarisation actuelle du système scolaire américain, c'est une oeuvre qui gagnerait à être plus connue. Il reprend cependant quelques défauts des jeux qu'il veut dénoncer, ce qui reste déconcertant. Je conseillerais donc plutôt l'achat de ce jeu aux gamers philosophes (et indulgents) plutôt qu'aux Jean_Kevin_2002 (mauvais joueur de FPS).

Autres jeux cités dans ce guide:

This War of Mine
AC: Syndicate
Metro Last Light
22 Comments
Swissski 22 Dec, 2021 @ 2:31am 
Belle analyse pour un jeu fantastique. :LIS_pixel_heart:
SemperFear 8 Jun, 2021 @ 9:58am 
Bonne éval sauf pour la partie " là ou le bat blesse" , il y'a un défaut majeur dans ton analyse .
la psychés du soldat américain est très centré sur la justice et par l'application de celle-ci .
Se que tu veut voire c'est de la compassion la ou il n'y a justement pas a en avoir.
du coup pour revenir a ta balise spoiler , oui dans son esprit c'étais absolument nécessaire et logique.
NB : se référé au 20 dernières année de conflit milliaires americain.
Marcus_id 9 May, 2021 @ 12:45pm 
Tout ce que tu dit dans ta review est très juste et très parlant et je suis d'accord avec toi sur tout le reste, je voulais simplement réagir sur ce petit élément dont mon avis diverge :3

Merci pour ton travail d'écriture, c'est excellent ! :praisesun:
Marcus_id 9 May, 2021 @ 12:43pm 
Le passage du massacre au phosphore blanc le raconte superbement bien à mon sens: des troupes ennemies qui auraient massacré le Capitaine et ses hommes, alors pour rester en vie, ils utilisent les armes disponibles à leurs avantage. MAIS, il y avait des réfugiés, et c'est à ce moment précis que le jeu fait sens: face à une décision prise qui s'est avéré être la mauvaise, est-il plus facile de rejeter la faute ou d'en prendre la responsabilité ? Lungo et Adams peuvent se déculpabiliser en se disant que ce ne sont pas eux qui ont donné l'ordre. Par contre pour Walker, à part trouver un bon prétexte et y croire, il n'a pas vraiment d'alternatives.
Marcus_id 9 May, 2021 @ 12:38pm 
Malgré les suggestions dans ta review, je pense que le propos du jeu se suffit à lui-même sans avoir à laisser l'opportunité au joueurs d'intervenir dans les décision du capitaine Walker. Le jeu s'articule autour de sa descente aux enfers et de sa folie suite au massacres des innocents au phosphore blanc, il n'est pas là pour donner l'opportunité de faire mieux que lui. Le propos se suffit à lui-même: comme tu l'a souligné, un simple être humain ne peut pas se soumettre objectivement à son propre jugement. Tant qu'il reste convaincu que ce qu'il fait est juste, il ne peut pas se remettre en question (la suite arrive)...
muruganthysen 15 Feb, 2021 @ 6:14am 
Belle évaluation de mon jeu préféré
Toxicause 6 May, 2020 @ 4:20pm 
J'ai hâte de le commencer après avoir lu ton évaluation...:47_thumb_up:
Dʳ Baz  [author] 8 Aug, 2019 @ 7:16am 
Merci ! Ça m'a pris pas mal de temps !
Lefty ♣ 8 Aug, 2019 @ 4:39am 
Wahou. Et je pèse le mot. Je n'ai jamais lu une évaluation aussi intéressante/fouillée/bien écrite.
Dʳ Baz  [author] 1 Apr, 2018 @ 11:04am 
Je pense que l'escouade avait une autre mission à la base (trois, ça fait peu pour une équipe de sauvetage) et qu'ils ont reçu l'ordre, en passant près de Dubaï, d'aller voir ce qui ce passe. Je crois que la cinématque au début du jeu nous informe que l'état major est sans nouvelle du 33ème stationé dans la ville.